Pendant 30 minutes je me suis abandonnée aux manipulations des personnes qui avaient acceptées de me porter, de fonctionner comme mon vaisseau de chair et de sang, de me mettre en apesanteur.
Photo : CNES/Perrine Gamot.
Photo : CNES/Perrine Gamot.
Meeting Igor in space https://vimeo.com/67316254 (3min) Rencontre dans l'espace avec Nicolas https://vimeo.com/67390770 (5 min)
Laurie prend les commandes du vaisseau https://vimeo.com/67406844 (3.49 min)
Une vidéo (documentaire, de l'avant, pendant et l'après de la performance) sera mise en ligne dans le courant de 2013.
La performance n'était pas seulement une imitation d'un voyage dans l'espace et un exercice en auto organisation, mais aussi un rêve d'enfant réalisé. Merci à tous ceux qui l'ont rendu possible.
Les déambulations du vaisseau 5min. https://youtu.be/MfFqK4tMnyA
Comme les spationautes sont portés par leur station, doivent “lui” faire confiance à 100 % pendant qu’ils le guident par ses instruments de bord, Annie Abrahams va devoir faire confiance à son vaisseau de chair, aux corps sur lesquelles elle repose et à qui elle va devoir se rendre.
Mission FCTA Faire Confiance à la Technique des Autres Performance le 23 mars 16h30 au CNES à Paris pendant le festival Sidération
CNES Centre national d’études spatiales
2 place Maurice Quentin
75039 PARIS CEDEX 01
FRANCE
Mission :
- faire confiance à la technique des autres
- ne pas laisser tomber Annie, la garder en “apesanteur”
- rester unis
- s’organiser pour que Annie puisse rester (via la webcam, le streaming) en contact avec l’extérieur
- gérer la fragilité de la connexion
- répondre aux commandes et faire face à tout ce qui vient de l’extérieur
Les volontaires ne se connaissaient pas. Ils sont commissaire d’expositions, productrice, danseuse, chorégraphe, plasticien(ne), metteur en scène, auteur etc. Ils n’ont passé que deux heures ensemble pour se préparer. Mission FCTA n’est donc pas seulement une performance, mais aussi une expérience en auto-organisation, sur laquelle le public doit poser un regard “complice”.
Le vaisseau évoluera dans la salle parmi le public et sera confronté à des interventions de l’extérieur d'Igor Stromajer, (de Frankfurth), Nicolas Frespech (de Montélimar) et Laurie Bellanca (de Montpellier). Igor sera l’étranger, l’autre, celui qui est loin – comme dans la performance Beyond Spectacle à Edinbourgh en 2012 bram.org/huisclos/beyond nous n’aurons pas de langue en commun. Nicolas interviendra sur l’intimité – en référence à notre performance L’un la poupée de l’autre bram.org/confront/sphere à Beaubourg en 2007.
A Laurie, qui a participé à plusieurs performances dans le cadre de Angry Women bram.org/angry/women, j’ai proposé d’intervenir avec le son, elle pourrait aussi prendre les commandes du vaisseau (à distance).
Je n’en savais pas plus en avance de leurs interventions.
Matériaux / préparation
Vidéo montage d'après des images du vidéothèque du CNES.
Motivation.
Quand Gérard Azoulay, responsable de l’Observatoire de l’Espace du CNES et directeur artistique de Sidération, le festival des imaginaires spatiaux (du 22 au 24 mars), m’a demandé de réfléchir sur un projet autour du thème de la différence, j’ai d’abord pensé à la complexité et aux différentes formes et problématiques de communication dans un vaisseau spatial. (Communication entre les spationautes et leur vaisseau, entre le vaisseau et les centres de contrôle sur terre, entre des spationautes de langues et cultures différentes, entre les spationautes et leurs amis et familles)
Puis je me suis rappelée que pendant très longtemps j’utilisais une métaphore de sous-marin ou vaisseau spatial pour décrire ma relation au monde. Un sous-marin navigue dans un monde grâce à ses instruments de bord, grâce à ce que ceux-ci lui font apercevoir de ce monde. Ces instruments de bord filtrent toutes les informations, pour n’en garder que celles qui lui sont nécessaires pour une bonne navigation. Je me sentais comme ce navire, mais je n’avais pas envie de limiter ma connaissance du monde à ce que mes instruments par expérience et habitude me rendaient accessible. Dans ma perception il fallait donc faire entrer d’autres informations, même si celles-ci pouvaient être potentiellement dangereuses pour mon système de navigation.
Ces idées venaient de mon intérêt pour ce qu’on appelle des systèmes en autopoïèse ( un concept de Maturana et Varela ), mais aussi des théories de catastrophe, les systèmes en stabilité relative et le concept de clôture opérationnelle. A l’époque j’y avais puisé des idées sur l’auto-organisation que je “teste” encore aujourd’hui dans mes performances collaboratives où je mets en jeu des personnes qui ne se connaissent pas autour d’un protocole simple.
Dans l'article Trapped to Reveal – On webcam mediated communication and collaboration publié dans le Journal for Artistic Research, j'explique cette approche. (en anglais)
English.
As astronauts, while they guide the space station which carries them, must trust this station a 100%, Annie Abrahams will have to trust her vessel of flesh and blood, will have to trust the bodies on which she lies and to which she must surrender.
Annie Abrahams will be carried by Jean-Luc Soret, Urte Amélie Fink, Emilie Schalck, Karen Guillorel, Vanessa Vallée, Lili Mamath,Aniara Rodado, David Guasgua, Séverine Delbosque, Romaric Tisserand and David Ferrag. They will try to make her journey comfortable, they will help her to sustain streaming contact and to cope with casualities. They will together manage a body in suspension. The carriers (professional dancers, a curator, an author, an artist) are all volunteering for this task. They don’t know each other and had only two hours of preparation. So the event will be as much a performance as an exercise in auto-organisation. Trust will be crucial.