"Cochon les cochons" Texte écrit en 2006.
Translation "Pigs, pigs pigs" de 2013 en bas.
 
des cochons des cochons des cochons
On leur coupait la queue aux cochons
on les stérilisait
c'était cochon les cochons
le matin les cochons
cochon à midi
cochon le soir
fallait qu'ils mangent
trois fois par jour
fallait les nettoyer, astiquer, rincer
 
mon père a des cochons
ma mère les nourrit
et il les abat
ils les élèvent
pour que nous puissions manger
du cochon,
on vivait des cochons
des cochons
dans le jardin
des cochons dans la grange
des gros, des petits, des truies et des cochonnets
des cochons sans sexe
le sexe coupé
des cochons coupés
stérilisés pour que la viande ne puait pas le cochon
ils valaient de l'argent ces cochons,
on vivait des cochons
tous les midis écouter les prix des cochons à la radio
se taire pour les entendre
les prix des cochons, des jambons, des côtelettes,
le prix au kilo à l'abattoir
deux fois par an un cochon en revenait,
du lard, du sang, de la viande, trier, empaqueter
le mettre dans le grand frigo blanc
pour pouvoir le manger
les cochons
partout toujours des cochons des cochons
enfreindre la loi pour les cochons pour qu'ils soient encore plus beaux, plus gros,
aller en Belgique pour les cochons,
là bas les hormones étaient en vente libre

faire de la contrebande pour les cochons
je haïssais les cochons
j'avais peur de puer le cochon
leurs cris me fendaient les oreilles
on les frappait, on les mettait à douze dans 6 mètres carrés
je ne voulais pas aller les voir
j'avais honte de ces cochons
notre nourriture
notre vie
cochon cochon
 
partout et toujours des cochons et encore des cochons même aujourd'hui encore les cochons, c'est à cause d'eux,
à cause de la fine poussière dans leurs étables que mon père n'arrivait plus à respirer

 
sentir comme les cochons
manger des cochons
manger comme les cochons
être entouré de, prendre soin de, exister par
partout toujours
des cochons dans tes vêtements, dans tes cheveux, dans ton nez, sur ta peau, dans tes oreilles les cris stridents, les hurlements quand ils sont amenés vers le camion, un pistolet électrique pour les presser, les pousser, eux qui ne veulent pas
qui n'ont pas encore vécus
pauvres cochons.
Cochons pour les cochons
On leur mettait du goudron sur leurs queues, sinon ils se les mangeaient, sinon ils se les mangeaient, sinon ils se les mangeaient, sinon ils se les mangeaient
des cochons dans mes oreilles
sentir comme un cochon
porter l'odeur du gagne pain de ton père
être cochon
cochon le soir, cochon le matin
 
toujours ces maudits cochons
toujours
partout ces cochons
une jeunesse cochon trop plein de cochons
 
Ceci est la version pour "Breaking Solitude" net performances dans le salon de panoplie.org. 16 - 02 – 2007.
Une version légèrement différente a été lu pendant le festival PerformanceX6 au Palais Cyrnos le 3 décembre 2006 à Ajaccio.



"Cochon les cochons" Performance/lecture pendant le vernissage de l'exposition "tout va bien"
à la galerie ESCA  le 23 novembre 2007.

"Il y a donc quatre vidéos projections sur écrans séparés. Construites en plan moyen ou en gros plan, elles se focalisent sur les cochons.
Fonctionnant comme une installation autonome, elle revêt un nouveau sens dès qu’elle s’intègre à la performance. Mi-repoussante,
mi-intrigante, la chair de l’animal apparaît presque abstraite, comme une peau, une sorte d’étalage rosâtre mobile.
Les vidéos signifient et indexent un autre rapport à l’animal qui complète celui du texte. Ce dernier ne fonctionne pas comme une
légende de l’image, ni comme sa bande-son, il joue à sur un autre niveau. Annie Abraham scrute patiemment, se focalise sur les mimiques,
la quasi gestuelle de l’animal. Loin de récréer l’univers gentillet d’un Babe le cochon (film de George Miller qui connut un relatif
succès au cinéma en 1999), elle cherche parfois sa place près de l’auge des cochons. Elle documente, ne construit pas réellement
une narration filmique, se place toujours en retrait de l’animal, ne montrant ni son arrivée à la ferme, ni sa destinée finale.
Puis la caméra croise le regard de l’animal, s’y attarde, l’humanise presque. Le dispositif de projection servira de décor,
d’arrière-plan fluctuant sur lequel viennent se placer l’artiste et les participants. La lecture opère un basculement vers l’autobiographie
tandis que les vidéos s’ancrent dans une approche plus documentaire."
Extrait du texte "L’entre-deux autobiographique d’Annie Abrahams : une lecture bio-fictive théâtralisée"
de Cyril Thomas, publié dans Papiers LIbres art contemporain no 51. ISBN 1263-5960



Making-of Video for my installation in the show tout va bien at ESCA


Today I like pigs 4 Videos on a webpage 2013.


Pigs pigs pigs
their tails were cut
they were sterilized
smutty pigs

Pigs in the morning
pigs at noon
pig in the evening
they should eat three times a day
they had to be cleaned, to be polished, to be rinsed

my father owned pigs
my mother fed them
he killed them
they grew them,

so that we could eat

pigs
in the garden
pigs in the barn
large ones, small ones, sows and piglets
pigs without a sex
a cut sex
sterilized
so that the meat would not stink of pig

they were worth money these pigs
every lunchtime we listened to the pig prices on the radio
be silent!
the prices of the pigs, hams, chops, the price per kilo at the slaughterhouse
twice a year a pig came back,
bacon, blood, meat to sort, meat to pack
to put in the big white fridge

pigs,
everywhere, always pigs pigs
breaking the law for these pigs,
to make them even more beautiful,
fatter
to go to Belgium for these pigs,
there, they sold hormones without prescription
smuggling for the pigs
I hated pigs
I was afraid of stinking pig
their cries were cracking my ears
they were hit, twelve of them put together on six square meters
I did't want to see them
I was ashamed of these pigs
our food
our lives
pig pig

always and everywhere pigs and even today still pigs pigs pigs,
it is because of them,
because of the fine dust in their barns that my father could no longer breathe

smell like pigs
eating pigs
eat like pigs
have them around, caring for, existing by
always everywhere

pigs in your clothes, in your hair, in your nose, on your skin,
in your ears the shrill cries and screams when they are brought to the truck,
a taser ready to press, push those who didn't want
who had not yet lived enough
poor pigs
smutty pigs

They had tar on their tails, if not they ate them, if not they eat it, if not they ate it, they ate it

pigs in my ears
smelling like a pig
bear the smell of your father's livelihood
to be pig
pig in the evening, pig in the morning

always those damned pigs
always
all these pigs
a pig youth with too much pork

Translation of Cochon les cochons 2006 AA 2013

Today I like pigs. AA 2013